S’il n’a pas su marcher avant l’âge de 4 ans il savait en revanche lire à un peu moins d’un an et demi. Vous connaissez forcément Kim Peek, l’homme qui a inspiré le personnage du film « Rain Man ».
Kim Peek est l’histoire d’un handicapé mental qui possédait certaines capacités cognitives extraordinaires. Ce génie de la lecture est mort il y a quelques années à l’âge de 58 ans
De quoi était-il doté malgré son handicap ?
Et bien sa mémoire était quasiment sans limite avec par ailleurs une incroyable capacité de calcul mathématique qui dépasse toutes les normes. Le cas de Kim Peek fut étudié par de nombreux scientifiques, médecins et même par la NASA.
Cette future star a vu le jour en 1951 avec des dégénérescences sérieuses au cerveau, notamment au niveau du cervelet (siège de nos fonctions motrices). C’est pour cette raison qu’il rencontrait des problèmes moteurs de plus en plus important tout au long de sa vie. Son crâne était également près de 30 % plus grand que celui d’un bébé normal. En analysant son cerveau les médecins ont découvert l’absence de corps calleux, cette substance blanche qui relie les deux hémisphères cérébraux et assurent un transfert de l’information.
Alors que les docteurs diagnostiquent dès son plus jeune âge qu’il ne pourra certainement jamais marcher ou parler, à 16 mois il apprend tout seul à lire et parvient à mémoriser tous les livres qui lui passent entre les mains. C’est un phénomène complètement inattendu qui a fait basculer le reste de sa vie.
Aux alentours de 3 ans, Kim peek a tout doucement développer une certaine obsession pour calculer les chiffres. Son jeu préféré devient alors d’additionner les numéros de téléphone entre eux et les plaques d’immatriculation lorsqu’il regarde par la fenêtre dans la voiture. Son exercice préféré devient une capacité extraordinaire et il arrive à calculer tout cela quasi instantanément.
Aux alentours de 7 ans, ce petit garçon était presque incapable de s’habiller tout seul, étant donné que ses fonctions motrices continuaient de dégénérer. Malgré cet handicap moteur, Kim Peek parvient à lire des livres incroyablement vite. On estime sa vitesse de lecture à 10 secondes par page. Et incroyable, il mémorisait chaque page instantanément. Il était capable de lire la bible en 1 heure de temps. L’adolescent termine le lycée à 14 ans et trouve ensuite un travail dans un centre pour handicapés.
Après la sortie du film Rain Man, le jeune homme a alors commencé à parcourir des universités du monde entier afin de faire profiter ses connaissances et de faire part de ses capacités de calcul extraordinaires. Une chose assez impressionnante, son QI (quotient intellectuel) resta le même toute sa vie (87), ce qui est plus bas qu’une personne ordinaire/lambda.
On estime qu’à la mort de cet incroyable être humain, il avait mémorisé le contenu de plus de 10.000 livres à lui tout seul.
Mais alors, que se passait-il de si différent par rapport à un cerveau humain « normal » ? Et bien tout simplement quelque chose de très important dans les tous premiers instants où son cerveau était exposé à des informations… En réalité il se passait la même chose que dans notre cerveau mais en accéléré.
En premier lieu, c’est l’attention que l’on porte à l’apprentissage (plus l’attention va être grande, plus l’apprentissage sera facile). L’attention dépend de beaucoup de choses, notamment la concentration et la motivation au moment de l’apprentissage, mais également à la valeur affective de l’information.
Par exemple, vous arriverez plus facilement à vous remémorer une cérémonie de mariage
à laquelle vous avez participé plutôt que la robe ou le costume que vous portiez au dernier anniversaire de votre belle-mère. Mais l’attention n’est pas toujours suffisante, pour qu’une information soit retenue, il va falloir qu’elle soit stockée.
Le deuxième processus est le stockage de l’information. L’encodage et le stockage de l’information consiste à créer un système spécifique de neurones, ce sont des nouvelles connexions qui seront liées spécifiquement à ce souvenir.
Ensuite vient l’étape de la consolidation, ce sont les nouvelles connexions établies à l’étape précédente qui vont se réactiver plusieurs fois, parfois consciemment ou inconsciemment. Par exemple pour apprendre une nouvelle langue, nous allons réactiver plusieurs fois certains verbes à apprendre « par cœur » afin de consolider cette information et ne plus jamais l’oublier. Ce processus est totalement conscient puisque c’est nous-même qui allons le déclencher.
Mais nous avons une arme redoutable en nous qui fait que nous pouvons consolider des informations inconsciemment et parfois cette arme est plus puissante que tout le reste de nos efforts dans le processus de mémorisation. Cette arme est le sommeil. Durant les phases de sommeil profond, les ondes lentes qui parcourent le cerveau vont progressivement synchroniser les neurones. Cette synchronisation sélectionne les traces de mémoire pertinentes à conserver. En diminuant la force de toutes les synapses, elle éliminera les moins nécessaires. Ce processus d’élagage permet de revenir à un état d’équilibre en termes de dépense énergétique et d’utilisation de l’espace de matière grise disponible. Avec ce mécanisme, vous vous souviendrez ainsi des principaux événements de la journée passée. Vous aurez cependant oublié les petits détails !
Pour terminer, la dernière étape est la récupération. Il est donc l’heure de récupérer l’information afin de la faire ressortir de notre cerveau et de l’utiliser. C’est souvent à cette étape que nous avons le plus de difficultés. La récupération va dépendre évidemment des 3 processus précédents, du moment où notre attention est dirigée vers l’info, avec son stockage et sa consolidation ainsi qu’à la réserve cognitive que nous possédons pour pouvoir finalement récupérer la bonne information.
Les informations retenant notre attention vont être gérées premièrement par nos cortex perceptifs et sensoriels. Ils vont traiter l’info et vont ensuite l’envoyer dans notre hippocampe. Notre hippocampe est un peu comme un entonnoir. Les informations arrivent dedans et y sont stockées. Il va ensuite les transformer en traces mnésiques pour les renvoyer petit à petit à la récupération. Si l’information ne rentre pas dans l’hippocampe, elle ne pourra pas être consolidée.
Mais pourtant, nous connaissons tous un cas qui nous perturbe parfois au quotidien, c’est le « mot sur le bout de la langue ».
Vous avez pourtant été attentif et vous connaissez le prénom de votre voisine mais il ne vous revient pas au moment où votre conjoint vous le demande ? Ceci est normal, car dans la récupération des informations, c’est votre lobe frontal qui va devoir agir et celui-ci nous réserve encore quelques surprises.
L’effet du mot sur le bout de la langue est toujours actuellement étudié dans les laboratoires de recherche en neurosciences cognitives. Maintenant que je vous ai mis l’eau à la bouche, je ne peux malheureusement pas encore vous donner de réponse face à ce phénomène encore incompris jusqu’à présent. Notre machine cérébrale a ses failles et elle nous réserve encore quelques secrets.
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